À l’entour
Hommage aux sentiers de Tomas Tranströmer
Le poème s’ingénie à se montrer
aussi horizontal que vertical
Tour de guet mise à plat
Ses murs s’effritent
dans les lieux communs
Il s’endurcit dans la déconstruction
de toutes les constructions banales
Puits sans fond de la ligne d’horizon
Le poète s’y installe
girouette en spirale
déjouant les contours
Et le cratère s’emplit d’un autre monde
Chacun forge son jeu de clés
pour entrer dans l’édifice
tour à tour d’ivraie et d’ivoire
Sans mépris
sans chercher à prendre de la hauteur
Le poète
monte à la légère
dans la profondeur des choses
(Poème publié dans la revue
Spered gouez, L’esprit sauvage
n°13, octobre 2006)
Au nord du sofa
À Yvon Le Men
Dans les sagas nordiques
un pas devant l’autre mène en arrière
ou vers la mort indifféremment
Sans peine Törlsborg le héros s’arrache
de la torpeur qui le maintenait au foyer
ignorant sans distinction la gerçure le frisson
et riant au nez des trolls
Les sapins secouent les bras sans effrayer
l’homme guidé par le fond de l’air
Au lecteur
il ne reste plus qu’à clore le livre
et se recroqueviller dans le sofa pour,
comme Törlsborg rassasié de sauret,
laisser les runes gravées en son cœur
décider du cours de sa vie
(Un des poèmes de la suite
Voyages au court cours,
non publiée à ce jour)
1
En Bretagne nul besoin de boussole
– autant cartographier à fond le cœur
qu’on aime ! – pour dénicher son ailleurs,
trouver lieux et échanges qui consolent
On se fout du nord, du sud cardinal,
des autres directions épiscopales
Les évêchés ne font qu’un sur ce sol,
péninsule pointant ses doigts au large
Les chapelets de granit qu’elle égrène
impriment au ciel une unique parole
(Premier des dix dizains
de Blasons du Pays breton,
dans le recueil Puiser aux mondes,
L’étagère étanche, 2006)
© Olivier Cousin, 2006