Blasons du pays breton, 10

Aux heures ouvrées la ville est en cri,
rues bruissant de harangues mécaniques
boutiques transpirant le troc des mots
bancs publics suintant de plats à croquer
cosmopolites… Pareille à toute autre,
la ville bretonne vit en gésine
jusqu’au moment où elle accouchera
d’un nouveau petit néant égoïste,
où on n’entendra plus que les murmures
triomphants de la fenêtre du diable


© 2006, Olivier Cousin
dans le recueil Puiser aux mondes,
L’étagère étanche, 2006

Olivier ,

Tu termines ton poème sur une note énigmatique:

"où on n’entendra plus que les murmures
triomphants de la fenêtre du diable"

Cette fenêtre porte t-elle un sens caché ou personnel?

Gilles

Bonsoir Gilles,

Ces fenêtres du diable sont les écrans de télévision dont la luminescence atteint le passant nocturne dans la rue, à travers les fenêtres - réelles celles-ci -, mais sans jamais le concerner.
Cette métaphore, je crois l'avoir entendue chez des bretonnants. (La poésie fait feu de tout bois, et même des souvenirs qui n'en sont peut-être pas !)
Cordialement.

Ol.

Olivier,

J'aime bien savoir comment se fait le poème, le processus de création éclaire souvent sur la poésie et sur les auteurs.

Gilles

Bonsoir Gilles,

Je crois qu'on est tous dans ce cas-là.
Cela dit, la part de nos propres créations qui nous échappe, même à nous, est bien déroutante...
Cordialement,

O.C.

Hou la belle image, c'est génial et tellement vrai!

Dommage qu'elles soient triomphantes, ces satanées fenêtres...
Peu importe s'il s'agit ou non d'un souvenir "vrai", il est vrai parce que l'image est forte - elle porte, elle est vraie.
Merci, Olivier.

Merci Olöf.
Je suis bien d'accord, peu importe qu'elle vienne d'un vrai souvenir ou pas. C'est d'ailleurs quand la chose est plus inconsciente que le souvenir que c'est le plus passionnant pour l'auteur, et peut-être même pour le lecteur.
Cordialement vers vos contrées septentrionales,

Olivier C.