Barzhoniezh nevez (Poésie nouvelle en Bretagne)
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 camlann

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GF.Evrard

GF.Evrard


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Localisation : Bannalec, Finistère
Date d'inscription : 22/10/2009

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MessageSujet: camlann   camlann Icon_minitimeJeu 22 Oct - 7:13

Camlann

La mousse a repoussé, couvrant d'un voile de verdure les crânes.
Le manteau fleuri aux mille couleurs a repris ses droits sur la plaine,
Pendant que le sablier d'éternité à écoulé sa grise poussière d'oubli,
Que le métal purpurin des armes s'est désagrégé après avoir roussi.
Rassasiés, corbeaux, rats et pies, après un festin de plusieurs semaines,
En une méphitique et nécrophage légion ont quitté la sépulcrale Camlann.

Glissant parmi les folles herbes, telle la lame qui sur le cuir coulisse,
Le reptile aux anneaux de bronze s'était approché, sournois de patience.
Géants aux parures guerrières, leurs nattes tressées de fils d'argent,
Les héros aux épées étincelantes et leur vaillant roi au cœur si ardent,
Avaient baissé leur garde, l'âme ouverte aux pourparlers, fourbus de violence.
L'azur de leur regard était empreint d'un espoir fasciné, aveugle à la malice.

Les frères faisaient front aux frères, poignée de chevaliers menant deux armées,
Qui d'Albion réclamaient la légitimité, chacun dévoué au père ou au fils obscur.
Habité d'une lassitude sans horizon, sa reine enfuie et Lancelot l'ayant trahi,
Arzhus n'avait cœur au combat, la paix sans honte ni regret il aurait choisie.
Chuchotement impie dans les veines de Mordred, son sang bouillait d'être impur,
De miel, son sourire n'était que reflet trompeur d'une rancœur envenimée.

Un rire tonitruant assombrit le monde : un vol noir aux ailes de cuir
Noyant les cieux, funeste et nébuleuse dalle sur le tombeau sans fond des héros.
L'éclair frappe, le serpent se dévoile animé d'une surnaturelle habileté,
L'arôme douceâtre de la confusion s'immisce et, des lucides, la raison fait vaciller.
L'acier alors crisse et les gorges hurlent comme chargent les cents taureaux,
Ainsi tremble la terre et s'entrecroisent les corps partis vers leur destin fuir.

Amantes avides, les lames ont mordu cette offrande inespérée de chair,
Traçant des sillons de rubis sur les corps de marbre aux torses vigoureux.
Soucieuses de prélever leurs sanglants trophées, elles se sont abattues,
Prolongement glacé de bras dont les tatouages bleus couvrent la peau nue.
Ouragan de colère, il n'est aucun abri pour échapper au sort terrible et calamiteux
Pour ces braves ensanglantés et cent fois tailladés de la main de leurs pairs.

Enlacés dans une lente attente glaciale, les moribonds
Jettent, teinté de mélancolie, un appel vers les cieux éclatants,
L'âpre râle ne couvre ni de Mordred, ou d'Arzhus, les cris,
Eux dont les flancs ruissellent d'écume et de pourpre, à peine en vie
Ils ne tiennent déjà plus debout sur leurs jarrets tremblants,
Tous deux savent qu'avant ce soir l'un et l'autre mourront.

La bruyère est couverte d'une épaisse sève vermeille
Et sur les flots d'argent, dragon allongé à la proue d'or,
Se profile la nef qui portera Arzhus dans les terres de brume,
En Avallac'h, là où l'attendent les héros et les dieux, c'est la coutume...
Gisant, entouré de mille cadavres, rattrapé par le sort,
Les os brunissant, Mordred tiendra compagnie aux corneilles.

Les Banshees, en un sinistre ballet dédié à la rouge Morrigan,
Entonnent la complainte lente qui glace les fourbes, brûle leur impudeur,
Celle à la gloire du roi dont Myrdhinn avait présagé les infinies prouesses.
A jamais, dans un immuable souvenir elle apportera la liesse
Et, tel l'incandescent orbe solaire, illuminera de son immense grandeur
L'avenir des peuples celtes qui jamais n'oublieront Camlann.
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