Qu'en est-il de nos conciliabules
De nos textualisations funambules
Qu'est-il advenu des mots-faits-chair
Sont-ils sortis prendre l'air
Ils rôdent désormais libres
Ivres de sens
Livres de sang
Prêts à dévorer l'air du temps
Enroulés-déroulés
Prêts-à-tuer
Les mots-couteaux qui tranchent la peau
Raclent les os
Les motifs écarlates qui éclairent les nuits
Les mots-flèches qui zèbrent à l'infini
Les mobiles de tous les crimes colportés par le vent
Les mots-scanner qui traquent les contours de la forme et du temps
L'hémoglobine qui suinte des blessures d'âme lézardées
Ohhh
Tout ce que nous avons été
Tout ce que nous avons rêvé
Oui
Nos mots s'envolent et les cris restent
Nos mots convolent en écrits lestes
Frappent
Choquent
Kata
Strophes en sauce Shaolin
Ciao Line Renaud hello Marylin Monroe
Oui
Nos conciliabules en boucles extatiques
Nos textualisations funambules en rythme frénétique
Un souffle qui joue la fille de l'air
Maudits mots dits les mots enfuis
Tissent les fils de nos histoires
Spiralent les bornes de nos territoires
Fondent la matière de nos miroirs
Et sur la surface mercure qui reflète la tempête
Rebondissent phonèmes éructés toute conscience déployée
Les ailes-corbeaux portent le flow
Des serres féroces lacèrent le sens
Déchirent l'essence en jaillissement carmin
L'hémorragie du verbe détrempe l'herbe
Le sang du son est fluide
Mots renversés mots absorbés
Nos conciliabules enfiévrés par la terre bus
Nos textualisations funambules sur leur corde raide chus
Alors il est advenu que les mots sont nés de la corruption de leur chair
Matrice chrysalide désormais inutile
Nos mots absorbés en terre
Nos mots-rivières entrainés vers la mer
Oui il est advenu que nos mots nous ont quitté
C'est dans l'oeil du cyclone que nous mots ont commencé d'exister
Et désormais ils créent le monde
Des mots libres dont nous ne sommes plus que les ombres