L’homme de l’Arrée
Le bourg est encore endormi
A son départ de La Feuillée,
Les rapaces sont de sortie,
Lugubres chants dans la vallée ;
Il se dirige vers l’Arrée
Vers ces monts chauves d’Armorique
Par la brume souvent nappées,
Sites fascinants, mythiques.
Au pied des rocs millénaires,
Gravissant le rude sentier
Bordé de mauves bruyères
Paraît l’étrange cavalier ;
Dans l’opacité de l’aurore,
Sur un famélique bourrin
Dont le triste regard implore
Il semble un brigand des chemins ;
Ce n’est qu’un brave pilhaouer
En route vers le Bas-Léon
Pour échanger des bols en terre
Contre des paquets de chiffons.
Il revient quelques jours plus tard
Et prend gîte chez la sorcière
Dans une hutte près de Braspart
Parlant de tout, de sa misère.
L’homme sillonne les contrées
Efflanqué, plié sous le vent,
Avec son cheval harassé
De pauvre marchand ambulant ;
Portant sa balance romaine,
Il croque un quignon de pain bis,
Boit l’onde dans les fontaines
Et rêvant d’espoirs infinis,
Entend la horde d’oiseaux noirs
Sur Toussaines, dôme épilé,
Crier à l’approche du soir
La complainte du chiffonnier.
Malebec