Telle des pierres lancées par une fronde, ainsi vont les voiles des nefs qui se demandent où peut bien être Santiago dans cet océan déchaîné qui étreint de douleur leurs voyages hallucinés. Sur des landes imaginaires courent les existences des fictions pourpres de la création, des dragons enluminent le pays des vertes prairies, ils chantent la joie du silence dans des rondes torrentielles de mots de feu, de phrases de glaces, de lieux insensés, de créatures folles et de châteaux en ruines. D'audacieux capitaines se laissent guider par les paroles des assassins fabuleux, guidant leurs bateaux au travers de sombres rochers aiguisés, de tourbillons d'eau noire en flammes, de tempêtes d'acier en fusion, le son du canon à ultrasons leur servant de fanal au milieu des embruns de l'ammoniaque atomique. La Fortune est seule maîtresse du jeu, Elle connaît tous les territoires enchantés, Elle sait les sortilèges et maléfices qui enivrent le danger, Elle seule sait que les bateaux ne quittent jamais Santiago que dans les rêves de ceux qui se prennent pour Barberousse.