Bleu

BLEU

C’était un chemin tranquille.
Entre deux tout petits murets,
Loin des bruits fatigants de la ville,
Dans la campagne il serpentait.
Las ! Les voitures y défilent.
Et le bleu du ciel n’est plus ce qu’il était.

On rêvait là de poésie,
Et les vents brûlant de l’été,
Faisaient tomber en rose pluie
Les pétales blancs des pommiers.
Aujourd’hui le calme est banni,
Et le bleu du ciel n’est plus ce qu’il était.

Je me souviens quand vient l’été
De ce petit lopin de terre,
Où, je voyais bêcher, biner,
Aller et venir mon grand-père.
Las ! Le jardin est délaissé.
Et le bleu du ciel n’est plus ce qu’il était.

Par les couchants crépusculaires,
De grands reflets tout embrasés,
En l’ombre mettaient des mystères
Des mystères roses ou bleutés.
Mais l’ombre cache des dangers.
Et le bleu du soir n’est plus ce qu’il était.

Dans un coin calme et bien ombré
Main dans la main de l’âme sœur,
Sur l’herbe courte et rasée,
Nous devisions sur le bonheur.
Aujourd’hui c’est bien démodé
Et le bleu de l’amour n’est plus ce qu’il était.

La lande où broutaient les moutons,
Ne garde ni fleurs ni boutons,
Toute la nature et morte
L’herbe se penche il fait du vent,
Et moi je vais seul en rêvant
Aux choses passées qu’il rapporte

Mais tout est mort de ce passé,
Là aussi le chant s’est lassé ;
Le bleu de la vie n’est plus ce qu’il était.